Établir de nouvelles orientations à l’appui de la recherche et de la formation en recherche autochtone au Canada 2019 - 2022


Au sujet du plan stratégique

Le plan stratégique est une publication des organismes fédéraux qui subventionnent la recherche, à savoir le Conseil de recherches en sciences humaines, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie et les Instituts de recherche en santé du Canada. Ce plan donne suite à la priorité du Comité de coordination de la recherche au Canada qui a trait à la conception, de concert avec les communautés autochtones, de modèles interdisciplinaires de recherche et de formation en recherche susceptibles de contribuer à la réconciliation.

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Remerciements

Le Comité de coordination de la recherche au Canada tient à remercier les nombreuses voix des Premières Nations, des Métis et des Inuits qui ont aidé à définir Établir de nouvelles orientations à l’appui de la recherche et de la formation en recherche autochtone au Canada. Nous aimerions remercier sincèrement tous ceux et celles qui ont partagé leur sagesse et leur expérience de la recherche autochtone pour nous aider à éclairer ces orientations stratégiques. Nous espérons que ces orientations stratégiques reflètent vos objectifs pour de nouveaux modèles de soutien à la recherche et à la formation en recherche autochtone qui mènent à de nouvelles relations significatives avec les Premières Nations, les Métis et les Inuits.

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Boîte en bois cintré sculptée par l’artiste salish de la côte, Luke Marston, source: Centre national pour la vérité et la reconciliation


Commencer le cheminement

En 2015, la Commission de vérité et réconciliation du Canada (CVR) a publié son rapport intitulé « Honorer la vérité, réconcilier pour l’avenir », qui contenait 94 appels à l’action et qui soulignait le rôle important de la recherche pour faire progresser la compréhension de la réconciliation. On a énoncé 10 principes de réconciliation, dont ceux qui établissent que la réconciliation requiert des mesures constructives pour mettre un terme aux séquelles permanentes du colonialisme (no4), et que la réconciliation requiert de la volonté politique, un leadership conjoint, un renforcement de la confiance, de la responsabilité et de la transparence, ainsi qu’un important investissement de ressources (no9) 1.

En 2017, le Comité de la coordination de la recherche au Canada (CCRC) a été créé. Le CCRC réunit les présidents des organismes subventionnaires de recherche du Canada, soit les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG), le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH), le Conseil national de recherches du Canada (CNRC), la Fondation canadienne pour l’innovation (FCI), le conseiller scientifique en chef, et les sous-ministres d’Innovation, Sciences et Développement économique Canada et de Santé Canada. Une des principales priorités du CCRC a été de réaffirmer l’engagement des organismes subventionnaires fédéraux à l’égard des appels à l’action de la CVR en créant un dialogue national avec les collectivités autochtones afin d’élaborer conjointement un modèle interdisciplinaire de recherche et de formation en recherche autochtone qui contribue à la réconciliation.

Dans le budget de 2018, le gouvernement fédéral s’est engagé à verser 3,8 millions de dollars au CRSH pour appuyer cette priorité en élaborant un plan stratégique qui définit de nouvelles façons de mener des recherches par et avec les collectivités autochtones. Cela comprend des stratégies visant à accroître la capacité des collectivités des Premières Nations, des Métis et des Inuits à mener leurs propres recherches et à établir des partenariats avec l’ensemble du milieu de la recherche.

À l’appui de ces objectifs, le CRSH, en collaboration avec les autres organismes subventionnaires fédéraux, les IRSC et le CRSNG, ainsi que la FCI, dirige la mise en œuvre de l’initiative Renforcer la capacité de recherche autochtone. Le présent document résume ce processus et met en lumière les questions et les préoccupations soulevées par les Premières Nations, les Métis et les Inuits dans le contexte de la recherche et de la formation en recherche autochtone. Il reflète également les expériences passées et actuelles des peuples autochtones dans le milieu de la recherche en général.

Quatre orientations stratégiques sont présentées afin d’orienter l’élaboration de nouveaux modèles pour appuyer la recherche et la formation en recherche autochtone. Les mécanismes proposés dans chaque orientation reflètent les domaines qui relèvent du mandat des organismes subventionnaires. Dans certains domaines, ils s’appuient sur des initiatives qui ont été et continuent d’être élaborées en collaboration avec les collectivités autochtones au cours des dernières années. Il s’agit notamment de la création de nouveaux programmes de recherche autochtone, de la révision des critères d’examen du mérite pour la recherche autochtone, de l’élargissement de l’admissibilité au financement pour les organisations autochtones et de la révision de l’Énoncé de politique des trois Conseils 2 en matière d’éthique de la recherche avec l’ajout d’un chapitre sur la recherche avec les Premières Nations, Métis et les Inuits.


Mobilisation des collectivités autochtones

Trois objectifs principaux ont orienté un processus pour la tenue d’activités de mobilisation respectueuses et réciproques avec les partenaires autochtones:

1. Établissement de nouvelles relations avec les Premières Nations, Métis et les Inuits:

activités de mobilisation établissent une voie à suivre pour favoriser et maintenir des relations mutuellement respectueuses avec les peuples autochtones, et ont généré des occasions continues pour des rencontres et des rassemblements.

2. Élaboration conjointe

De nouvelles orientations pour appuyer de nouveaux modèles de recherche et de formation en recherche autochtone sont actuellement élaborées conjointement avec les communautés, les collectivités, les organisations et les chercheurs autochtones. Des activités de rayonnement spécifiques ont été menées auprès des organisations autochtones nationales et régionales, des organisations de femmes autochtones, du Centre national pour la vérité et la réconciliation, des établissements d’enseignement postsecondaire, des universitaires, des aînés, des gardiens du savoir autochtone, des femmes, des jeunes, des dirigeants et représentants communautaires, et des détenteurs de droits.

3. Approche concertée

Une approche coordonnée avec les organismes subventionnaires est maintenue à l’appui du mandat du CCRC, qui consiste à mieux harmoniser, intégrer et coordonner la recherche ainsi que les programmes et politiques liés à la recherche.

La mobilisation n’est pas perçue comme une consultation, mais plutôt comme une occasion d’établir et de renforcer des relations à long terme avec les peuples autochtones dans un contexte de pair à pair. Pour ce faire, on a notamment élaboré conjointement des questions et des programmes de recherche, pris le temps d’établir des relations mutuellement respectueuses, respecté l’éthique et les protocoles autochtones, et réfléchi régulièrement avec les partenaires autochtones aux priorités des Premières Nations, des Métis et les Inuits afin de définir des orientations stratégiques. Les possibilités de mobilisation ont été présentées selon les deux grands volets ci-dessous.

Volet A

Événements de mobilisation régionale

De juillet 2018 à mars 2019, une série de 14 événements de mobilisation régionale, dont des tables rondes et des ateliers, ont été organisés en collaboration avec des partenaires autochtones. Ces événements ont eu lieu avec des organisations et des collectivités autochtones de partout au Canada, reflétant une diversité de voix comprenant des aînés et des gardiens du savoir, des jeunes et des étudiants, des chercheurs, des chefs d’entreprise, des groupes de femmes et des organismes de recherche communautaires. Une liste complète des événements de mobilisation figure à l’annexe 2.

Un dialogue national s’est tenu à Ottawa en mars 2019, réunissant des titulaires de subventions Connexion – Capacité de recherche autochtone et réconciliation (voir ci-dessous), des membres de collectivités autochtones ainsi que des représentants du Réseau de coordination des conseils et du CCRC. Les participants (au nombre de 300) se sont réunis pour discuter des thèmes émergents cernés lors des événements de mobilisation et dans les exposés de position présentés par les détenteurs de subventions Connexion.

Ces événements ont mis l’accent sur la collaboration et misé sur la mobilisation continue des organisations et des partenaires autochtones. Une plateforme en ligne (via GCcollab) a également été développée pour offrir d’autres occasions de mobilisation et de discussion entre les personnes au sein des établissements postsecondaires, des gouvernements, des entreprises, des associations et des collectivités.

Volet B

Subventions de recherche autochtone et de réconciliation

Une possibilité de financement réservée aux subventions multidisciplinaires de recherche autochtone et de réconciliation a également été lancée dans le cadre du programme Connexion du CRSH le 21 juin 2018, Journée nationale des peuples autochtones. Ces subventions ont permis d’appuyer des rassemblements, des ateliers et des événements communautaires favorisant la mobilisation et l’échange de connaissances sur la recherche autochtone et la réconciliation. Au total, 116 subventions Connexion, financées par les IRSC, le CRSNG et le CRSH, d’une valeur maximale de 50 000 $ chacune, ont été accordées à l’échelle du Canada.

Pour la première fois, des subventions Connexion ont également été accordées à des organismes autochtones sans but lucratif ayant un mandat de recherche. Les propositions présentées par des organismes autochtones sans but lucratif ont connu un taux de réussite de 85 % et représentaient la majorité des subventions Connexion accordées. La liste complète des titulaires d’une subvention Connexion figure à l’annexe 3.


Rassembler les voix

Au cours du processus de mobilisation, les Premières Nations, les Métis et les Inuits ont fait part de leurs histoires et de leurs perspectives et exprimé leurs besoins, leurs préoccupations et leurs aspirations en matière de recherche autochtone. Le rôle de la recherche pour répondre aux priorités des collectivités a été reconnu et de nombreux exemples positifs de recherche communautaire en cours dans des domaines comme la revitalisation linguistique, le développement économique et la santé ont été cités.

Les organisateurs d’événements ont communiqué aux organismes subventionnaires les rapports sommaires des événements de mobilisation régionale, qui ont été examinés par les participants. De plus, les titulaires d’une subvention Connexion ont fourni quelque 94 exposés de position traitant du sujet de leur projet. Un résumé des discussions qui ont eu lieu lors du dialogue national est présenté à l’annexe 4.

Une analyse du sommaire des discussions et des exposés de position a cerné les principales questions et préoccupations ainsi que des occasions pour agir:

Décoloniser la recherche

De nombreux participants aux événements de mobilisation estimaient que la recherche actuelle et les modèles de financement de la recherche renforçaient les déséquilibres de pouvoir qui ont un impact négatif sur le bien-être spirituel, mental, physique et émotionnel des Autochtones. Les peuples autochtones ont exprimé un plus grand besoin d’établir leurs propres priorités de recherche et de diriger leurs propres recherches. Ils ont demandé à ce que la recherche porte directement sur les questions et les préoccupations liées au bien-être et à la guérison des collectivités, et à ce qu’elle favorise le développement socioéconomique durable. On a souvent entendu « rien sur nous, sans nous » pendant les séances de mobilisation. Ils ont demandé des mécanismes plus solides pour garantir une conduite éthique dans la recherche avec les collectivités autochtones et sur les terres autochtones, et des engagements plus fermes envers le leadership autochtone dans les établissements de recherche fédéraux et les organismes de financement (comme nous le verrons plus loin).

Parallèlement, on a largement reconnu que la décolonisation était un sujet extrêmement complexe, sans définition ni interprétation unique. On a reconnu que la recherche jouait un rôle essentiel dans l’avancement d’une meilleure compréhension de la décolonisation de manière à refléter les expériences distinctes des différentes collectivités autochtones. L’engagement des organismes subventionnaires fédéraux auprès des collectivités autochtones est perçu comme une étape importante pour garantir un engagement soutenu envers la décolonisation des structures historiques et des processus de financement de la recherche.

Gouvernance des données et droits de propriété intellectuelle

Les peuples autochtones ont lancé des appels répétés en faveur d’une plus grande appropriation et d’un plus grand contrôle des données autochtones. Les participants aux événements de mobilisation ont parlé avec insistance des préjudices causés à leurs collectivités par la mauvaise gestion des données et ont expliqué comment la mauvaise interprétation des données a contribué à la méconnaissance et à la marginalisation continues des peuples autochtones, de leurs cultures et de leurs systèmes de connaissances. Les participants estimaient qu’à une époque où les données personnelles sont faciles à acheter et à vendre, la question de l’utilisation, du stockage et du partage des données autochtones par des chercheurs externes était une priorité absolue. Les principes de propriété, de contrôle et d’accès ont souvent été présentés comme des prin-cipes fondamentaux de gouvernance des données autochtones, mais on a souvent prêché la prudence en faisant remarquer que le modèle actuel ne répond pas aux besoins et intérêts distincts de tous les peuples autochtones.

Éthique de la recherche et protocoles

Des mécanismes plus solides pour réglementer plus efficacement la conduite éthique de la recherche par et ou avec les peuples autochtones, dans leurs collectivités et sur leurs terres, ont été demandés. Les participants aux événements de mobilisation ont partagé leurs expériences vécues avec des chercheurs non autochtones qui n’ont pas fourni aux collectivités des renseignements adéquats sur leur recherche ou qui n’ont pas obtenu le consentement de la collectivité. Ils ont dit que les résultats de la recherche dénaturent ou discréditent les collectivités et les détenteurs du savoir autochtones. Les dirigeants des collectivités autochtones ont contesté le scepticisme quant à la légitimité du savoir autochtone, malgré les nombreux progrès scientifiques qui sont directement attribuables aux Premières Nations, aux Métis et aux Inuits. On s’inquiète du fait que l’intérêt croissant pour la recherche avec des peuples autochtones exerce des pressions indues sur de nombreux membres des collectivités autochtones, notamment les aînés. Des défis particuliers ont également été cernés pour réglementer la conduite éthique des chercheurs internationaux, qui peuvent ne pas être liés par les mêmes codes de réglementation que les chercheurs canadiens. Dans l’Arctique, les peuples autochtones se sont dits de plus en plus alarmés par le bruit, la pollution et d’autres effets néfastes de la recherche internationale sur la population, la faune et la terre.

Financement — Admissibilité et accessibilité

L’exclusion des collectivités autochtones, compte tenu de l’exigence actuelle d’affiliation à un établissement pour l’admissibilité au financement, est perçue comme un obstacle constant au renforcement de leurs capacités. Les modèles de financement actuels sont perçus comme permettant aux établissements de contrôler le programme de recherche et d’extraire davantage de données des collectivités autochtones sans accorder suffisamment d’attention à leurs impacts négatifs potentiels. Les organismes autochtones avec un mandat de recherche demandent des critères d’admissibilité qui reconnaissent les façons autochtones de savoir et demandent plus de transparence et de responsabilisation dans la sélection des propositions de financement, y compris des mécanismes appropriés pour vérifier l’identité autochtone. Une meilleure accessibilité de l’information sur les possibilités de financement, y compris les processus par étape pour les demandes de subventions, permettra également aux Premières Nations, aux Métis et aux Inuits de mieux comprendre la recherche, d’y avoir accès et d’y participer.

Partenariats de recherche et recherche communautaire

Les peuples autochtones ont exprimé un besoin urgent de relations de recherche à long terme fondées sur la confiance, le respect et les intérêts mutuels. Ils ont insisté sur le fait que les relations mutuellement bénéfiques prennent du temps et ne peuvent être établies sans la participation de l’ensemble de la collectivité. Des fonds réservés au rayonnement communautaire et à l’établissement de relations pour jeter les bases avant le début de la recherche étaient perçus comme une étape importante vers l’amélioration des partenariats de recherche. Les participants aux événements de mobilisation ont également souligné la nécessité d’obtenir des fonds pour couvrir les frais d’administration de base qui permettraient aux collectivités et aux organisations autochtones de mener leurs propres recherches. De plus, ils ont souligné que les recherches menées dans les collectivités éloignées au Canada et dans le Nord canadien engendrent des coûts et des délais supplémentaires importants, qui exigent une attention particulière en matière de financement et de soutien.

Soutien des étudiants autochtones

Les Autochtones ont souligné la nécessité d’offrir un soutien plus ciblé aux étudiants autochtones. De nombreux étudiants ont fait part des difficultés et des obstacles qu’ils rencontrent dans leur cheminement scolaire et ont réclamé une plus grande souplesse en matière de financement. Ils ont également fait remarquer que le modèle actuel d’avancement scolaire est souvent en concurrence avec leurs valeurs ancestrales. Les étudiants et les jeunes chercheurs autochtones se retrouvent souvent déchirés, car ils cherchent à se conformer aux attentes de leur établissement postsecondaire, tout en demeurant fidèles à leur système de connaissances et en répondant aux besoins de leur collectivité.

Leadership et représentation autochtones

Il est important de noter que les Premières Nations, les Métis et les Inuits ont réclamé une plus grande représentation dans les rôles de leadership et de prise de décision — de l’examen par les pairs et de l’élaboration de politiques aux pratiques d’examen du mérite et à la sélection des propositions de recherche.


Établir de nouvelles orientations

Dans le cadre des événements de mobilisation, des exposés de position et du dialogue national, des préoccupations ont été partagées au sujet des expériences de recherche passées et actuelles, et de nombreuses idées, solutions et possibilités pour l’avenir ont été proposées. L’analyse de tous ces rapports, documents et discussions a permis de proposer quatre orientations stratégiques clés qui reflètent les nouveaux modèles de recherche et de formation en recherche autochtone. Les buts définis dans la Stratégie inuite nationale sur la recherche, produite par l’Inuit Tapiriit Kanatami (ITK), ont également aidé à orienter l’élaboration des orientations stratégiques et de leurs objectifs, tels que décrites ci-dessous. 2

Ces quatre orientations stratégiques reflètent également les engagements clés pris par les organismes fédéraux de financement de la recherche en vue d’élaborer de nouveaux modèles de recherche et de formation en recherche autochtone, et reconnaissent que la mise en œuvre des mécanismes définis dans les quatre orientations sera entreprise en collaboration avec les partenaires autochtones. Il est entendu que l’analyse comparative entre les sexes plus (ACS+) sera également appliquée à l’étape de la mise en œuvre pour s’assurer que les mécanismes et les résultats tiennent compte de l’intersectionnalité au sein de la population autochtone.

Les engagements reconnaissent que chacun des organismes subventionnaires fédéraux en est à un stade de développement différent en ce qui a trait aux prio-rités de recherche autochtones établies antérieurement. Ils visent à tirer parti des progrès réalisés dans l’avancement de la recherche autochtone et à jeter les bases d’une collaboration continue et renforcée. Ces orientations stratégiques ont également été guidées par les principes clés suivants:

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Orientation stratégique

Établir des relations avec les Premières Nations, les Métis et les Inuits


Objectif

Un engagement à collaborer de façon soutenue avec les peuples autochtones

Les peuples autochtones ont souligné l’importance du temps et du soutien pour l’établissement de relations si-gnificatives, respectueuses et durables, et pour la création d’un lien de con- fiance avec les partenaires dans la poursuite de la recherche autochtone. Ces relations doivent être mutuellement avantageuses et contribuer à répondre aux besoins en matière de recherche autochtone.

Au fil des ans, les organismes subventionnaires se sont engagés davantage auprès des Premières Nations, des Métis et des Inuits dans l’élaboration de leurs lignes directrices, politiques et programmes de recherche autochtone respectifs, notamment par des dialogues et des rencontres de recherche avec les collectivités autochtones, par l’établissement de cercles consultatifs autochtones et, plus récemment, par le biais du programme Environnement réseau pour la recherche sur la santé des Autochtones des IRSC. De plus amples renseignements sur les initiatives de recherche autochtone des organismes subventionnaires fédéraux (IRSC, CRSNG, CRSH) sont fournis à l’annexe 5.

L’initiative Renforcer la capacité de recherche autochtone vise à établir une nouvelle marche à suivre pour favoriser et maintenir des relations mutuellement respectueuses avec les peuples autochtones, et les organismes subventionnaires se sont engagés à maintenir ces relations. Les occasions de continuer à établir de nouvelles relations sont notées comme suit:

Mécanismes

a) Offrir des possibilités de financement

pour appuyer l’établissement de relations entre les collectivités autochtones, les chercheurs et les étudiants dans l’élaboration et la réalisation de projets de recherche (et la présentation de rapports sur ceux ci); et pour permettre aux partenaires autochtones de promouvoir l’apprentissage et le partage de la recherche et des pratiques de recherche.

b) Créer des outils et des ressources efficaces

pour faciliter l’accès des communautés, des collectivités et des orga-nismes autochtones aux chercheurs et aux étudiants qui participent à la recherche autochtone, ainsi que pour aider à identifier des chercheurs avec qui ils pourraient souhaiter collaborer.

Résultats prévus


Orientation stratégique

Appuyer les priorités de recherche des collectivités autochtones


Objectif

Un engagement envers la révision et l’élaboration des lignes directrices des organismes subventionnaires fédéraux pour la recherche autochtone

L’élaboration et l’amélioration des lignes directrices stratégiques en matière de recherche autochtone ont progressé au cours des dernières années. Notamment, l’Énoncé de politique des trois Conseils 2 comprenait un chapitre révisé sur l’éthique de la recherche avec les Premières Nations, les Métis et les Inuits. Les IRSC et le CRSH ont récemment publié de nouvelles lignes directrices sur l’examen du mérite, de nouveaux critères d’admissibilité au financement et de nouvelles définitions de la recherche autochtone afin d’appuyer plus efficacement les chercheurs et organisations autochtones.

Des préoccupations ont toutefois été exprimées quant au fait que ces lignes directrices ne sont pas appliquées de façon uniforme et qu’elles devraient être encore améliorées. En particulier, les collectivités autochtones ont exprimé le besoin pressant de renforcer les lignes direc-trices sur l’examen du mérite, la gestion des données et la conduite éthique de la recherche avec les Premières Nations, les Métis et les Inuits, et sur leurs terres. Elles ont également souligné le rôle crucial des aînés et des gardiens du savoir dans le processus décisionnel.

Pour répondre aux préoccupations concernant l’engagement respectueux avec les communautés, les collectivités et les organismes autochtones et pour s’assurer que la recherche répond aux priorités de celles-ci, des lignes direc-trices de recherche nouvelles ou révisées obligeront les chercheurs à collaborer de façon importante avec les Premières Nations, les Métis et les Inuits.

Mécanismes

a) Réviser les critères d’examen du mérite et en mettre en place de nouveaux

pour s’assurer que les chercheurs sont responsables devant les collectivités autochtones et que les systèmes de connaissances des Premières Nations, des Métis et des Inuits (y compris les ontologies, épistémologies et méthodologies) sont reconnus et contribuent à l’excellence scientifique et universitaire.

b) Promouvoir et appuyer les protocoles de gestion des données autochtones

pour garantir le consentement de la collectivité, l’accès aux données autochtones et l’appropriation de celles-ci, et la protection des droits de propriété intellectuelle autochtones.

c) Renforcer l’adhésion à l’éthique et aux protocoles autochtones

afin de veiller à ce que les aînés aient un rôle d’orientation et de mentorat à jouer dans les projets de recherche autochtone, et de reconnaître l’importance de la mobilisation et du consentement de la collectivité.

Résultats prévus


Orientation stratégique

Créer une meilleure accessibilité aux subventions de recherche


Objectif

Un engagement à l’égard d’une plus grande accessibilité du financement

Les Premières Nations, les Métis et les Inuits ont exprimé le besoin d’établir leurs propres priorités de recherche et de diriger des projets de recherche qui présentent des avantages directs pour leurs collectivités. Parallèlement, les idées partagées par les étudiants autochtones ont mis en lumière les difficultés et les obstacles auxquels ils sont constamment confrontés dans leur expérience d’étudiant et leur cheminement scolaire; ces difficultés et obstacles peuvent être abordés au moyen de nouveaux modèles à l’appui de la recherche autochtone et de la formation des étudiants autochtones.

Il convient de souligner le récent budget fédéral de 2019, qui prévoyait un important engagement financier de 824 millions de dollars sur 10 ans pour appuyer une approche fondée sur les distinctions dans l’enseignement postsecondaire autochtone. Ces fonds seront administrés en partie par le Programme d’aide aux étudiants de niveau postsecondaire de Services aux Autochtones Canada, ainsi que par d’autres organismes gouvernementaux et non gouvernementaux. Même si cela ne cible pas directement les étudiants autochtones, le gouvernement a également annoncé, dans le budget de 2019, une augmentation du financement consacré au Programme de bourses d’études supérieures du Canada. Cela comprend 500 bourses et bourses de maîtrise supplémentaires par année, ainsi que 167 autres bourses de doctorat et bourses de recherche triennales par année, qui seront administrées par les IRSC, le CRSNG et le CRSH.

Mécanismes

a) Réviser les lignes directrices sur l’admissibilité

afin de garantir un accès équitable au financement de la recherche et du soutien à l’infrastructure pour les organisations autochtones ayant un mandat de recherche clair.

b) Offrir des possibilités de financement aux étudiants autochtones

offrir un soutien accru et souple aux étudiants autochtones au moyen de bourses d’études et de recherche, y compris des possibilités de mentorat et de formation en recherche destinées aux étudiants de premier cycle.

c) Créer des outils et des ressources efficaces

pour mieux faire comprendre les programmes des organismes subventionnaires et les rendre plus conviviaux, notamment en simplifiant le langage et les processus administratifs et de demande.

Résultats prévus


Orientation stratégique

Promouvoir le leadership, l’autodétermination et le renforcement des capacités autochtones en recherche


Objectif

Un engagement envers la réconciliation et la décolonisation de la recherche autochtone

Les Premières Nations, les Métis et les Inuits veulent jouer un rôle de leadership plus important dans la prise de décisions sur les politiques de financement de la recherche parmi les organismes subventionnaires, en accordant plus de respect et de reconnaissance aux façons autochtones de savoir en recherche et en enquête scientifique. En particulier, les chercheurs- boursiers autochtones ont souligné que la réconciliation dans la recherche signifie aussi la réconciliation des traditions scientifiques occidentales avec les visions du monde et les pratiques culturelles autochtones, ainsi que la reconnaissance et la compréhension de la grande diversité qui existe parmi les groupes autochtones au Canada.

Mécanismes

a) Offrir des possibilités de financement

pour renforcer les capacités au sein des collectivités autochtones.

b) Promouvoir le leadership des Premières Nations, des Métis et des Inuits

en orientant et en déterminant la recherche et la formation en recherche autochtone.

c) Exiger une formation à la sécurité culturelle dans les organismes subventionnaires fédéraux

pour renforcer la compréhension et le respect des perspectives, des histoires et des visions du monde autochtone au sein de ces organismes.

d) Établir une plus grande représentation autochtone au sein des orga-nismes subventionnaires fédéraux

afin d’inclure les voix autochtones dans la prise de décisions, notamment au niveau de la gestion.

e) Créer un cercle de leadership autochtone

pour guider la mise en œuvre des orientations stratégiques décrites dans le présent document.

Résultats prévus


Regard vers l’avenir

Le présent document décrit les principaux engagements pris par les organismes subventionnaires de recherche fédéraux à l’appui de nouveaux modèles de recherche et de formation en recherche autochtone. Ces engagements visent à répondre aux appels à l’action lancés par la CVR et à accroître la capacité des collectivités des Premières Nations, métisses et inuites de mener leurs propres recherches et de s’associer au milieu de la recherche en général.

La mise en œuvre des mécanismes proposés dans les quatre orientations stratégiques nécessitera du temps, des efforts soutenus et une collaboration au cours des prochaines années. L’établissement de relations respectueuses avec les Premières Nations, les Métis, les Inuits et le milieu de la recherche, grâce à un engagement continu et à une collaboration régulière entre les organismes de financement fédéraux, continuera de guider notre démarche.